Campagne électorale : on aurait bien voulu qu'ils nous parlent de ces sujets !

A une semaine des élections, la campagne bat son plein. Et pourtant, il lui manque un thème central, au bénéfice d'une série de sujets divers. Notre future prospérité est certes évoquée, mais principalement au travers de diverses promesses telles que des salaires plus élevés, des impôts plus bas, moins de travail, des allocations plus élevées…

Mais comment allons-nous créer cette richesse supplémentaire ? Sur ce point, la campagne reste remarquablement silencieuse.

Voici cinq points cruciaux pour notre future prospérité qui sont largement absents de la campagne actuelle.

1. La croissance ralentie de la productivité

La prospérité d’un pays est essentiellement déterminée par deux facteurs : combien de personnes travaillent et combien produisent-elles par tête (lire : la productivité). Pour ce premier facteur, les possibilités de croissance sont limitées, simplement en raison de la démographie. La population en âge de travailler, c’est-à-dire les personnes potentiellement actives, stagnera dans les années à venir. La richesse supplémentaire devra donc provenir principalement de la croissance de la productivité. Mais celle-ci ralentit depuis des décennies et est maintenant presque à l’arrêt. Et c’est un énorme problème pour notre future prospérité. Tout ce que nous voulons réaliser dans les années à venir en termes de pouvoir d’achat supplémentaire, de travail moins long, d’investissements supplémentaires dans l’éducation et les soins, de finances publiques saines… devra être financé par la croissance de la productivité. C’est pourquoi le prochain gouvernement devrait accorder une priorité absolue à un programme large de productivité. Comment allons-nous relancer la croissance de la productivité, car c’est de là que viendra la richesse supplémentaire.




2. Les obstacles à l’entrepreneuriat

La richesse est créée par les efforts conjoints des travailleurs, des gouvernements et des entrepreneurs, chacun jouant un rôle essentiel. En Belgique, il ne manque certainement pas de « gouvernement » (avec les deuxièmes dépenses publiques les plus élevées d’Europe) et « travailler doit rapporter plus » est l’un des thèmes de la campagne. L’entrepreneuriat, en revanche, est beaucoup moins (voire négativement) abordé. Et à cet égard, nous obtenons déjà de mauvais résultats à l’international. La Belgique reste l’un des pays européens avec le plus faible nombre de nouvelles entreprises, et dans les enquêtes sur l’entrepreneuriat, nous nous situons généralement en bas du classement. Cela est en partie dû aux nombreux obstacles que nous imposons aux entrepreneurs (pensez aux charges administratives, aux difficultés pour obtenir des permis, à la pression fiscale élevée…). Et lorsque ce thème est abordé dans la campagne, c’est souvent pour augmenter encore ces obstacles avec des salaires minimums plus élevés ou des impôts supplémentaires sur le capital.

3. Le climat difficile pour le commerce international

Le commerce international est l’un des facteurs de succès de notre économie. Selon le Bureau fédéral du Plan, un tiers de notre activité économique et de l’emploi est directement ou indirectement lié au commerce international. Mais le climat pour le commerce international s’est clairement détérioré ces dernières années. Le nombre de barrières commerciales dans l’économie mondiale a spectaculairement augmenté et le commerce international stagne. Il ne semble pas que cette tendance à la déglobalisation s’inverse rapidement. Cela implique que la Belgique doit faire des efforts spécifiques pour préserver autant que possible les opportunités commerciales. Sans ces efforts, notre prospérité risque de diminuer. Cela peut être évité, entre autres, par des accords commerciaux internationaux et une politique qui soutient la compétitivité de nos entreprises. Cependant, ces dernières semaines, de nombreux partis ont proposé des mesures qui rendraient encore plus difficile pour les entreprises belges de se positionner sur les marchés internationaux.

4. La pénurie croissante sur le marché du travail

Les difficultés à trouver du personnel qualifié sont depuis des années l’une des principales préoccupations des entrepreneurs flamands. Et cette pénurie ne fera qu’empirer dans les années à venir en raison de la dynamique démographique. Dans un contexte de stagnation de la population en âge de travailler, il sera encore plus difficile pour les entreprises de trouver des travailleurs supplémentaires, ce qui les obligera à trouver des moyens de croître sans (ou avec moins de) personnel supplémentaire. Du côté des politiques, cela nécessite surtout de se concentrer beaucoup plus sur l’activation et de contribuer à une digitalisation accélérée. Cette activation est encore un peu abordée dans la campagne, mais selon le Bureau fédéral du Plan, les propositions lancées à ce sujet font à peine une différence. La digitalisation, et surtout les efforts de formation énormes nécessaires pour en faire un succès, est à peine abordée.

5. Les embouteillages record

Après la pause due au coronavirus, les embouteillages en Flandre sont revenus très rapidement. L’année dernière, le record en termes de gravité des embouteillages a été battu chaque mois (malgré l’augmentation du télétravail par rapport à la situation avant le coronavirus). Et il est presque certain que ces embouteillages continueront à augmenter pendant un certain temps. Cela représente un coût important pour notre économie. Selon l’OCDE, cela coûte entre 1 et 2 % du PIB au niveau belge. Cela équivaut à 6 à 12 milliards d’euros. Ces embouteillages pèsent donc directement sur notre prospérité, mais cela ne semble pas être un enjeu dans la campagne (et la plupart des partis n’ont pas de vrai plan pour y remédier). Sans intervention, les embouteillages risquent de devenir de plus en plus longs. Une solution doit venir d’une combinaison d’investissements dans les infrastructures, d’un meilleur transport public et d’une tarification kilométrique intelligente, où surtout cette dernière ferait la différence.

La campagne porte jusqu’à présent principalement sur diverses promesses coûteuses, et presque pas sur la manière dont nous allons créer la prospérité qui permettra de réaliser ces promesses. Après le 9 juin, l’accent devra surtout être mis sur un vaste programme de réformes pour renforcer durablement notre économie. De cette manière, nous pourrons créer une prospérité supplémentaire, qui pourra ensuite être distribuée. Distribuer cette prospérité sans plan pour la créer n’est pas une politique sérieuse.

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A l’origine, cet article a été rédigé en néerlandais, en sorte que c’est à la version néerlandaise qu’il convient de se référer en tout état de cause.

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