​États-Unis et la tentation totalitaire…

Pour bien comprendre la Constitution américaine, il faut se rappeler qu’elle fut élaborée à une époque dominée par les monarchies et les empires. C’est précisément pour cette raison que les États-Unis ont établi un régime présidentiel, mais truffé de pouvoirs et contre-pouvoirs afin d’éviter la verticalisation du pouvoir entre les mains du président.

C’est aussi une fédération d’États, chacun possédant sa singularité, ses représentants et sa propre Cour suprême, parfois nommée différemment, comme dans l’État de New York. Ainsi, il existe 51 Cours suprêmes : une Cour suprême fédérale (Supreme Court of the United States - SCOTUS) et 50 Cours suprêmes d’État, soit une par État.

Le système judiciaire fédéral comprend plus de 870 juges fédéraux. Ces juges sont nommés à vie par le président et confirmés par le Sénat. Ils ont le pouvoir de bloquer un ordre présidentiel s’ils estiment qu’il est inconstitutionnel ou viole une loi fédérale. C’est donc un contre-pouvoir essentiel.

De plus, pour éviter un pouvoir présidentiel trop concentré, le nombre de mandats présidentiels est limité à deux, même discontinus, par le 22ᵉ amendement, adopté en 1951. Modifier la Constitution est extrêmement complexe : soit les deux chambres du Congrès, Chambre des représentants et Sénat, votent à une majorité des deux tiers, soit les législatures des 34 États, soit deux tiers des États, en font la demande via une convention constitutionnelle. Dans tous les cas, l’amendement doit ensuite être ratifié par trois quarts des États, soit 38 sur 50, pour entrer en vigueur.

Mais ça, c’était avant. Lorsqu’on lit attentivement la presse américaine, on constate que Trump évoque ouvertement la possibilité d’un troisième mandat, tandis que son vice-président considère que les juges fédéraux ne devraient plus pouvoir bloquer un ordre présidentiel.

On assiste ainsi à une verticalisation du pouvoir sans précédent. Contrairement à ses prédécesseurs, Trump évite autant que possible le passage par le Congrès et multiplie les ordres présidentiels parfois contraires à la Constitution. Un exemple frappant : son décret stipulant qu’un enfant né sur le sol américain ne deviendrait plus automatiquement citoyen, immédiatement bloqué par un juge fédéral.

Et ce n’est que le début. Le régime politique américain évolue, désormais soutenu par les milliardaires de la Tech, au point qu’Alain Minc parle d’un cyber coup d’État.

J’emprunte ici le titre d’un des livres qui m’a le plus fasciné dans ma jeunesse : "La tentation totalitaire" de Jean-François Revel.

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