Le parlement belge a adopté la réforme de la déduction d'investissement, l'un des principaux incitatifs fiscaux de la Belgique en matière de durabilité des bâtiments. Quelle est l'importance de cette réforme pour les investisseurs acquérant, rénovant ou transformant autrement des biens immobiliers professionnels ?
Pour des détails sur le régime actuel, veuillez vous référer à un article précédent La déduction d'investissement belge : ce qui va changer ? mais en résumé, cela se résume à ce qui suit : les entreprises (indépendants et sociétés) peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d'une déduction fiscale pour les investissements dans des actifs fixes tangibles et intangibles. Le montant de cette déduction dépend de (a) le type d'entreprise et (b) la nature de l'investissement.
La déduction d'investissement générale de 8 % n'est disponible que pour les petites entreprises et les indépendants. Cependant, il existe également une série de déductions spéciales, généralement à un taux plus élevé, et celles-ci sont ouvertes à tous les contribuables, y compris les grandes entreprises. Dans le cadre du régime actuel, les investisseurs immobiliers peuvent compter sur une déduction spéciale de 20,5 % pour certains investissements en économies d'énergie énumérés dans un arrêté royal. Ceux-ci incluent, par exemple,
Le nouveau régime rationalise l'allocation d'investissement et la divise en 3 catégories :
Pour les investisseurs immobiliers, cette dernière catégorie est la plus pertinente et couvre les types d'investissements suivants :
La déduction d'investissement s'élèvera à 30 % de l'investissementvalue et est disponible pour toutes les entreprises selon les conditions mentionnées ci-dessous.
L'investissement éligible sera déterminé par un arrêté royal qui sera soumis à une mise à jour régulière. Et c'est peut-être là le plus grand changement.
Le nouveau régime prévoit que la liste des investissements éligibles sera valable pendant 3 ans, avec une possibilité d'une extension de 2 ans. Après cette période, une nouvelle liste ou une liste mise à jour des investissements éligibles sera promulguée. L'objectif est d'encourager le gouvernement belge à évaluer fréquemment la liste des investissements éligibles et à les renouveler, compte tenu du développement rapide des technologies. Le ministre a également déclaré que lors de l'élaboration de la liste des investissements éligibles, l'impact budgétaire sera pris en compte. Ainsi, bien que le pourcentage soit plus élevé qu'aujourd'hui, moins d'investissements pourraient être éligibles. Enfin, le ministre a également estimé que les investissements éligibles ne devraient pas inclure ceux qui sont suffisamment rentables même sans déduction d'investissement.
Bien que les principes soient fixés, l'arrêté royal pour établir la liste des investissements éligibles n'a pas encore été promulgué.
Dans la région flamande, à partir de 2025, les permis de construire n'autoriseront la construction de chauffage que via une pompe à chaleur, un réseau de chaleur, une chaudière à biomasse ou un chauffage électrique direct. Les bâtiments doivent également fournir une part minimale d'énergie renouvelable via leur propre production. Cette part minimale d'énergie renouvelable est de 15 kWh/m² d'énergie solaire pour un nouveau bâtiment et de 20 kWh/m² pour une unité non résidentielle par le biais de 1 ou plusieurs des techniques suivantes : panneaux solaires, chauffe-eau solaire ou participation.
Récemment, la région de Bruxelles a également introduit une obligation de rénovation exigeant que les bâtiments résidentiels et non résidentiels atteignent un EPB minimum dans quelques années.
Dans la détermination de la liste des investissements éligibles, le gouvernement fédéral prendra-t-il en compte ces obligations légales régionales et ouvrira-t-il les déductions d'investissement révisées aux entreprises qui doivent se conformer à ces obligations ? Il est concevable que le gouvernement puisse fournir des subventions pour permettre aux entreprises de se conformer à leurs obligations légales, mais ce n'est pas évident.
Pour bénéficier de la déduction thématique de 30 %, les contribuables doivent à nouveau joindre un certificat de confirmation de l'autorité compétente à leur déclaration de revenus annuelle. Le nouveau régime apporte certaines clarifications à cet égard.
Le certificat doit être obtenu auprès des services publics fédéraux pour :
À cet égard, la clarification est plus que bienvenue compte tenu de l'incertitude juridique entourant ces investissements.
Le certificat doit être obtenu auprès des services régionaux compétents pour : les investissements en efficacité énergétique et en énergies renouvelables, ainsi que les investissements respectueux de l'environnement qui relèvent des compétences de la Région.
L'autorité compétente refusera de délivrer le certificat (i) si l'investissement n'est pas un investissement éligible tel que listé dans le décret royal (ii) si l'investissement cause un préjudice déraisonnable à l'environnement. Ce deuxième motif d'exclusion est une nouveauté et doit être évalué sur la base du test de Ne Pas Causer de Dommages Significatifs (DNSH) tel que défini à l'article 17 du Règlement Taxonomie (UE 2020/852).
Il convient de noter que le certificat est basé sur la liste des investissements éligibles en vigueur au moment où la demande de certificat est soumise. Le certificat ne perdra pas sa valeur si la liste est modifiée entre-temps.
Il convient de noter que le décret royal peut limiter la déduction pour un ou plusieurs investissements éligibles, de manière à ce que la déduction thématique accrue de 30 % puisse être plafonnée à un montant maximum. Ce montant maximum peut, par exemple, être lié à certains critères tels que les kWh ou le CO² économisés.
Les travaux parlementaires donnent l'exemple suivant : un actif fixe exceptionnel et innovant acquis par une grande entreprise de production d'énergie a une valeur d'acquisition de 100 millions EUR, ce qui correspond à une déduction d'investissement de 30 millions EUR. Le décret royal pourrait plafonner la déduction pour une technologie de ce type à 10 millions EUR.
La déduction thématique d'investissement accrue permet d'exempter (partiellement) les bénéfices imposables de l'année. En cas de bénéfice insuffisant, la portion inutilisée peut être reportée indéfiniment, pour être appliquée aux bénéfices imposables au cours des exercices fiscaux suivants.
La déduction thématique accrue pour investissement est exclue dans les cas suivants :
La déduction d'investissement ne peut pas être appliquée par les entreprises en difficulté (entreprises en difficulté / ondernemingen in moeilijkheden), sans que les travaux parlementaires ne définissent ou ne commentent davantage ce concept. Dans le régime actuel, cette exclusion a été introduite en 2021 et était spécifiquement applicable uniquement à la déduction d'investissement liée aux camions sans carbone et à l'infrastructure de recharge pour l'hydrogène bleu, vert ou turquoise et l'infrastructure de recharge électrique. Dans sa circulaire 2021/C/115 sur la verdissement fiscal de la mobilité, les autorités fiscales n'ont pas non plus commenté cette exclusion spécifique.
Que signifie cela ?
D'après notre expérience, les autorités fiscales (régionales) ont parfois fait référence au concept d'entreprises en difficulté tel que défini par le Règlement de la Commission (UE) n° 651/2014 sur les aides d'État. Selon ce règlement, une « entreprise en difficulté » désigne une entreprise à l'égard de laquelle au moins une des circonstances suivantes se produit :
Cette exclusion mérite rapidement une explication de l'administration fiscale car elle pourrait être extrêmement préjudiciable au secteur immobilier, du moins dans les deux premières situations mentionnées ci-dessus. En effet, l'équité d'une société possédant des biens immobiliers telle qu'indiquée dans ses comptes selon les normes comptables belges peut ne pas refléter du tout la situation financière de cette société puisque les normes comptables belges sont basées sur la valeur historique (par opposition à la juste valeur marchande des actifs immobiliers) et les amortissements pris (au fil du temps) sur l'actif, qui ne correspondent pas à un coût effectif, peuvent avoir mathématiquement diminué l'équité de la société sans toutefois avoir d'impact sur la solvabilité de la société.
Le contribuable doit utiliser l'investissement pour sa propre activité, et le bénéfice de la déduction d'investissement sera perdu si l'utilisation de l'investissement éligible est transférée à un tiers.
La déduction d'investissement ne s'appliquera pas dans les deux situations suivantes :
Cette déduction d'investissement pourrait avoir un effet négatif pour les investisseurs immobiliers concernés par le Pilier 2 (pour plus de détails, référez-vous à notre article Pilier Deux et le secteur immobilier ). En effet, cette déduction des bénéfices imposables devrait diminuer leur montant de Taxes Couverte et donc leur Taux d'Imposition Effectif, ce qui pourrait entraîner un impôt supplémentaire en vertu du Pilier. Cela ne devrait pas avoirbeen the case with a qualifying tax credit, and this qualifying tax credit is well available in replacement of the technology deduction. In this respect, it seems that a difference in treatment is introduced between taxpayers depending on their sector of activity and investments; it remains to be seen whether this difference can be justified.
Du côté de la durabilité, le Parlement européen et le Conseil ont adopté une nouvelle directive concernant les performances énergétiques des bâtiments. La directive a été publiée le 8 mai 2024 et entrera en vigueur le 28 mai 2024, sous réserve d'une mise en œuvre progressive par les États membres de l'UE. Cette nouvelle directive fixe des principes directeurs pour que les États membres de l'UE mesurent et améliorent les performances énergétiques des bâtiments et, pour les investisseurs immobiliers, ces améliorations devraient se traduire par de nouveaux investissements pour lesquels la déduction d'investissement pourrait être avantageuse.