Il y a trente ans, dans le sillage de la chute du mur et de la première guerre du Golfe, le politologue américain Francis Fukuyama avait publié en 1992 « La Fin de l’Histoire », affirmant la suprématie absolue et définitive de la démocratie libérale. Cependant, nul n’étant prophète en son pays , ce chercheur n’avait pas anticipé que la montée du néolibéralisme américain allumerait les braises de l’avidité, au détriment des populations appauvries.
Aujourd’hui, aux États-Unis, pays au bord de la crise nerveuse sociétale, il y a désormais plus d’armes que de citoyens. En 1992, il y avait 190 millions d’armes. Aujourd’hui, ce chiffre a atteint les 400 millions, soit plus du double en trente ans, pour une population qui n’a augmenté que de 30 %. Nous nous souvenons de la présidence chaotique de Trump, de sa tentative de coup d’État, et des foyers de contestation civile qui se sont multipliés.
Je crois que si Trump est réélu en 2024, cela pourrait marquer la véritable fin d’une époque. Et si Trump est élu, c’est en grande partie parce que le néolibéralisme a engendré le populisme américain dont il est le produit.
Si Trump est élu, les États-Unis pourraient quitter l’OTAN et tolérer des conflits régionaux (Ukraine, Taiwan, etc.) dans lesquels ils ne s’impliqueront plus, forts de leur autosuffisance énergétique.
Les États-Unis pourraient également faire défaut sur leur dette extérieure, entraînant l’effondrement du dollar. Les problèmes environnementaux seraient vraisemblablement ignorés, malgré le fait que la pollution par habitant aux États-Unis soit l’une des plus élevées au monde.
On pourrait faire valoir, à juste titre, que ce ne sont pas les États-Unis qui ont déclenché ou déclencheront des guerres, mais des pays autoritaires tels que la Russie et peut-être la Chine. Cependant, nous réaliserons que notre modèle européen n’a pas encore trouvé des fondements autonomes suffisants pour se libérer de l’influence américaine, dont l’abandon pourrait se retourner contre nous.
Si Trump est élu, le monde traversera de graves convulsions, et l’histoire pourrait être corrompue de manière irréversible.