Y a-t-il un avenir pour l’industrie en Flandre ?

Cette semaine, Audi Forest a annoncé une restructuration majeure. D’ici début 2025, 2000 des 3000 emplois disparaîtront. Il existe même une réelle possibilité que ce ne soit qu’une étape vers la fermeture complète de l’usine. Audi rejoint ainsi une longue liste de mauvaises nouvelles provenant des entreprises industrielles de notre pays : la faillite de Van Hool, la restructuration chez Barry Callebaut, la fermeture des usines de la société chimique Celanese, du producteur de papier Sappi, du fabricant de couches Ontex et des entreprises textiles Balta, Beaulieu et McThree, ainsi que les problèmes rencontrés par divers producteurs d’acier…

Notre industrie est sous pression depuis un certain temps. Et cela constitue une menace sérieuse pour notre prospérité future.


Industrie sous pression

Le poids de l’industrie dans notre économie diminue depuis des décennies. Au début des années 70, l’industrie manufacturière représentait encore environ 25 % de la valeur ajoutée dans l’économie belge. En 2010, cette part était tombée à 15 %. Cette diminution n’était pas en soi un problème insurmontable. L’activité industrielle continuait principalement à augmenter, mais d’autres secteurs, notamment les services, enregistraient une croissance encore plus forte, ce qui réduisait la part de l’industrie. Cette transition de l’industrie vers les services semblait en grande partie achevée en 2010, après quoi la part de l’industrie manufacturière dans notre économie s’est stabilisée autour de 15 %. Mais aujourd’hui, l’industrie est de nouveau sous pression. En 2023, cette part a chuté à 13 %.

En Belgique, tout comme dans une grande partie de l’Europe, l’industrie manufacturière rencontre des difficultés :

  • L’activité industrielle a clairement diminué l’année dernière, et aujourd’hui elle est environ 6 % inférieure au niveau juste avant la pandémie. L’industrie belge est ainsi l’une des plus durement touchées en Europe. En moyenne, l’activité industrielle dans l’Union européenne a augmenté de 1,5 % au cours de la même période.
  • Le taux d’utilisation des capacités dans des secteurs tels que la chimie, la transformation des matières plastiques, la transformation du papier et le textile (pas par hasard des secteurs énergivores) a chuté en début d’année au niveau le plus bas depuis le début des années 80 (quand ces données ont été enregistrées pour la première fois).
  • Une enquête auprès de 250 entreprises industrielles flamandes à la mi-juin a révélé une image très sombre : 60 % indiquent que leurs commandes sont nettement inférieures au niveau normal, 30 % s’attendent à une détérioration supplémentaire, 17 % craignent une restructuration dans les six prochains mois.

Combinaison de facteurs conjoncturels et structurels

L’industrie mondiale a connu une sorte de montagne russe ces dernières années. Au début de la crise de la pandémie, tout le secteur s’est brusquement arrêté, mais ensuite il a suivi une reprise tout aussi remarquable. Le rattrapage après la pandémie a fait que de grandes parties de l’industrie devaient fonctionner à des niveaux supérieurs à la normale. Il a toujours été clair que c’était une phase temporaire, qui serait suivie d’un retour à des niveaux d’activité plus normaux. Mais en plus de ces fluctuations, d’autres facteurs jouent également un rôle.

Ainsi, les prix de l’énergie ont clairement diminué après la flambée spectaculaire de 2022, mais ils restent nettement plus élevés que dans le reste du monde. Par exemple, les prix du gaz en Europe sont aujourd’hui encore 4 à 5 fois plus élevés qu’aux États-Unis. Et les prix de l’énergie en Belgique sont également plus élevés que dans les pays voisins. Il n’est donc pas surprenant que les secteurs industriels énergivores de notre pays rencontrent aujourd’hui des difficultés. Avec la transition énergétique, ce handicap pourrait disparaître à terme, mais cela prendra encore des années. L’industrie européenne devra donc dans une certaine mesure apprendre à vivre avec un handicap énergétique prolongé.

En outre, les entreprises belges sont également confrontées à un important handicap de coût du travail, qui s’est de nouveau aggravé avec la forte indexation des salaires lors de la récente crise inflationniste. Et puis il y a les difficultés et les incertitudes concernant les permis. La crise de l’azote (qui pourrait bientôt être suivie par une crise similaire autour de la qualité de l’eau) implique une incertitude importante concernant les permis (à la fois nouveaux et renouvellements) des entreprises industrielles, ce qui n’est évidemment pas propice aux décisions d’investissement.

Crucial pour notre prospérité

Lors de la transition structurelle de l’industrie vers les services dans les années 80 et 90, les économistes se demandaient si une économie avait vraiment besoin d’une base industrielle. Peut-être qu’une économie de services complète était un modèle plus attractif. Au sein de l’Europe, le Royaume-Uni est allé le plus loin dans la transition vers une économie de services. Aujourd’hui, l’industrie y représente moins de 10 % de l’activité économique. Cette transition n’a cependant pas été un grand succès. Une base industrielle est en effet importante pour une économie prospère, et donc aussi pour une prospérité croissante.

Malgré son poids relativement limité dans la valeur ajoutée, l’industrie reste un secteur crucial pour notre économie. Elle représente par exemple la moitié des dépenses des entreprises en recherche et développement, important dans une économie où l’innovation est un facteur déterminant du succès. De plus, l’industrie représente plus de la moitié de nos exportations. De plus, les entreprises qui participent au commerce international sont en moyenne plus productives que celles qui ne se concentrent que sur le marché intérieur. Cela se reflète également dans l’industrie, qui est typiquement active sur les marchés internationaux et est en moyenne 40 % plus productive que le reste de l’économie. Le secteur est donc aussi un moteur de notre productivité, la véritable clé de notre prospérité. Outre l’impact direct du secteur, il existe également tout un écosystème d’entreprises de services et de fournisseurs qui y est couplé.

Grâce à cet impact supérieur à la moyenne sur l’innovation, le commerce extérieur et la productiviteit, l’industrie joue un rôle bien plus important dans la création de notre prospérité à long terme que la simple part dans l’activité économique. En théorie, ce rôle de l’industrie pourrait être repris par d’autres activités qui contribuent de manière similaire à la prospérité future, mais en pratique, cela serait probablement extrêmement difficile à réaliser.

Enfin, l’industrie joue également un rôle important dans la transition durable. Notre industrie est en moyenne beaucoup plus durable (“propre”) que leurs concurrents dans de grandes parties du reste du monde. Si, par exemple, la production d’acier disparaît ici ou si le craqueur d’éthaan d’INEOS reste impossible, nous ne cesserons pas immédiatement d’utiliser de l’acier ou du plastique ici. Nous l’importerons d’Inde ou de Chine, où il est produit de manière beaucoup plus polluante. En termes de durabilité, nous serions alors finalement moins bien lotis. Dans cette optique, on peut même argumenter que nous devrions attirer davantage d’activités industrielles ici (en Europe), et non l’inverse.

Une stratégie pour l’industrie

En théorie, une économie mondiale ouverte, où chaque région se concentre sur ce qu’elle fait de mieux et où il y a une concurrence maximale entre les entreprises, offre le plus de prospérité. En pratique, nous voyons depuis des années que différents grands blocs économiques abordent cela de manière très différente. Pensez à la politique “America First” aux États-Unis et à l’approche stratégique du gouvernement chinois. Dans ce contexte, l’Europe (et aussi la Belgique) doit également réfléchir de manière plus stratégique à l’approche de la politique économique, avec un rôle central pour l’avenir de l’industrie dans notre région. Outre le Green Deal européen, un "Industrial Deal" européen doit également être établi avec beaucoup plus de coopération entre les États membres européens. Et aussi au niveau belge, une politique plus tournée vers l’avenir concernant l’industrie est nécessaire.

Tant au niveau européen qu’au niveau belge, il s’agit principalement de réduire un certain nombre d’obstacles actuels pour l’industrie (et pour l’entrepreneuriat en général), notamment par une politique énergétique beaucoup mieux coordonnée, une politique de permis plus fluide et juridiquement plus sécurisée et une certaine ajustement aux frontières du marché européen qui égalise le terrain de jeu international, par exemple en tenant davantage compte des critères de durabilité ou des avantages concurrentiels déloyaux pour les entreprises des pays tiers. Ce dernier point est particulièrement un exercice d’équilibre difficile. L’intention n’est pas de protéger les entreprises inefficaces et peu productives contre la concurrence étrangère. À cette fin, la politique industrielle a déjà été trop souvent abusée dans le passé. D’un autre côté, notre industrie ne doit pas sombrer sous une concurrence faussée.

L’industrie est cruciale pour notre prospérité. Et cette industrie est aujourd’hui clairement sous pression. Par conséquent, tant au niveau européen qu’au niveau belge, une stratégie est nécessaire pour garantir l’avenir de l’industrie dans notre région. Cette stratégie doit principalement viser à réduire les obstacles que nous imposons à notre propre industrie et à renforcer la compétitivité internationale du secteur.


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A l’origine, cet article a été rédigé en néerlandais, en sorte que c’est à la version néerlandaise qu’il convient de se référer en tout état de cause.

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