L'une des critiques tient au fait que le SDAimposerait des "règles extralégales". À mon avis, il fautnuancer le propos:
Le SDA doit appliquer des dispositions fiscalessouvent vagues et floues. Aussi, il me sembletout à fait naturel que le SDA puisse disposer d’une certaine marge de manœuvre: l’application de la loi fiscale n’est pas une opération mécanique.
Dans ce contexte, je ne vois pas de problème à ce que le SDA pose des conditions ou des engagements non expressément prévus par la loi fiscale, sans être nécessairement contraires à celle-ci.
Le respect de pareilles conditions est le prix à payer pour la sécurité juridique que confère une décision anticipée…
Illustration : l'engagement de réinvestissement (cession d'actions post-scission)
Dans le cadre dedossiers de scissions partielles suivie par une cession d'actions, le SDAsubordonne généralement l’octroi de ses rulings(certifiant la non-application des articles 183bis / 344,§1er du CIR) àun engagement de réinvestissement du prix de cession des actions dans une activité économique générant des revenus imposables.
Cette condition n'est certes pas tirée explicitement du texte légal. Mais est-elle contra legem ? Non. Dans une décision récente du tribunal de Bruxelles (3 février 2020),
le juge a rejoint la position du SDA et estimé (à rebours des prétentions du contribuable) que pareille exigence de réinvestissement n’était pas déraisonnable
et n’ajoutait pas une "condition extra legem" au texte de l’article 183bis CIR. L’absence d’intention d’un tel réinvestissement a été jugée pertinente pour apprécier l’existence ou non de « motifs économiques valables » au sens de cette disposition.
Pour une autre application jurisprudentielle récente validant cette condition de réinvestissement : voir ladécision du tribunal d'Anvers du 25 mars 2024.
Quand le juge fiscal vole au secours du SDA
Voir à cet égardmon précédent post, commentantun jugement du tribunal de première instance d'Anvers du 5 juin 2024.
Fonctionnement
Je suisloin d'être le seul à être satisfait du fonctionnement du SDA.
Il suffit d'aller voir lesnombreux hommages (plus de 500)de praticiens de la fiscalité (avocats fiscalistes, conseillers fiscaux,...) reçus sur LinkedIn il y a quelques semaines, parl'ex-président du SDAlorsqu’il a rejoint le cabinet du nouveau ministre des Finances...
À noter enfin que legouvernement Arizona entend valoriser l'expertise dans la nomination des fonctionnaires du SDA.
Mots clés
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