Les États-Unis sont nés d’une rupture révolutionnaire, rejetant dynasties, monarchies et empires. Leur Constitution de 1789, avec l’incipit « We, the people », incarne la souveraineté populaire. La Déclaration d’indépendance de Thomas Jefferson proclame que « tous les hommes ont été créés égaux », posant l’égalité comme idéal fondateur.
Cette nation, marquée par le protestantisme calviniste et influencée par des francs-maçons déistes, intègre une forte trame religieuse. Du serment présidentiel à la devise sur les billets de banque, les références à Dieu sont omniprésentes.
L’empreinte calviniste, bien que lointaine, continue de façonner la mentalité américaine.
La prédestination lie l’enrichissement matériel à un signe d’élection divine, valorisant l’effort et la réussite individuelle.
Là où les Européens, héritiers du catholicisme, privilégient la déduction à partir de principes généraux, les Américains adoptent l’induction : ils partent des faits, expérimentent, corrigent, adaptent.
L’échec n’est pas une faute ni une fin, mais un tremplin, à condition d’avoir osé risquer son capital.
Cette logique irrigue le système éducatif, fondé sur l’expérimentation. Elle explique le niveau d’innovation exceptionnel du pays.
La société américaine, amnésique par nature, se projette sans cesse vers l’avenir, cherchant un optimum collectif dans une effervescence continue.
Le modèle économique américain, dérivé des marchés boursiers, repose sur la pure mécanique de l’offre et de la demande.
Le néolibéralisme y a muté en exo-libéralisme : libéraliser, déréguler, fractionner pour que tout devienne vulnérable, transformant chaque journée en lutte pour survivre.
La sécurité sociale est volontairement limitée, afin de maintenir une main-d’œuvre mobile et précaire.
Un contraste frappant avec les États sociaux européens.
Trump incarne la synthèse de ces dynamiques.
Négociant instinctif, il cherche à libérer les États-Unis des accords multilatéraux, perçus comme autant d’entraves à la souveraineté nationale.
Il voit son pays comme Gulliver, entravé par mille liens, dont il faut se libérer — avec brutalité si nécessaire.
En instaurant une incertitude permanente, Trump impose un darwinisme économique, où seuls les plus forts survivent et prospèrent.
Les États-Unis sont passés d’une nation fondée sur la révolution et l’universalité des droits à un modèle ultralibéral, mêlant innovation débridée, compétition exacerbée et fractures sociales profondes.
Rien de ce qui lie les Américains ne semble encore devoir être respecté.
Rien.