Finalement, jour après jour, nous sommes rattrapés par le dérèglement climatique qui s’aggrave inexorablement, malgré tous les avertissements. Les messages d’alerte se banalisent alors que, devant nous, le constat est établi. Il y a trop d’eau ou plus du tout, les glaciers fondent, mettant en péril l’irrigation et les écosystèmes, et les sols ne sont plus à même d’absorber l’eau quand elle est en excès.
L’agriculture va devenir une activité extrêmement aléatoire, voire impossible. Le nord de l’Europe est engorgé d’eau, tandis que des régions d’Espagne, d’Italie et de France sont en périlleux déficit. La Sicile et la Sardaigne sont affectées par la sécheresse et le manque d’eau potable.
Au reste, les manifestations contre les bassines françaises sont les signes avant-coureurs de conflits sociaux et politiques peut-être beaucoup plus graves qu’on ne l’imagine. Des régions seront inondées, et d’autres subiront la sécheresse, avec des variations météorologiques qui ne permettront plus l’adaptation humaine. Il faudra d’ailleurs mettre en œuvre de gigantesques projets d’infrastructure publique.
Jacques Attali explique que dans trente ans, en raison de la chaleur devenue insupportable, il sera très difficile de vivre au sud de l’Asie, en Iran, au Koweït, en Somalie, à Oman, en Égypte, en Éthiopie, et dans les pays voisins. Le Brésil et le Mexique seront aussi presque invivables. Il sera tout aussi difficile, en raison des inondations, de vivre au Pakistan, au Bangladesh, au Royaume-Uni, et aux Pays-Bas.
Il y a un demi-siècle, en 1974, le prophétique René Dumont, candidat à l’élection présidentielle française, l’avait dit à la télévision : « Vous savez ce qui va se passer ? Eh bien, nous allons bientôt manquer d’eau. C’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau, précieuse… »
Bien sûr, 30 ans, c’est dans longtemps. Peut-être que ces échéances sont trop lointaines pour être mobilisatrices. Ou que nous nous disons que le futur est tellement hasardeux qu’il n’est pas une cause importante ? Ou bien qu’on trouvera une solution... alors que la population humaine passera de 8 à 10 milliards d’habitants en 2080.
Nous nous effrayons de l’idée de migrations climatiques. Mais qui dit que des effondrements n’en susciteront pas en Europe. Et cela m’a toujours conduit à l’intuition, certes confuse, que la propriété privée n’était pas un acquis inviolable. Il arrivera peut-être un jour où des déplacements d’humains conduiront à l’altérer. Volens. Ou Nolens.