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Trump et le nouvel ordre mondial: comment le chaos s'impose comme une ultime stratégie!

Sans un plan ambitieux de dette publique via la BCE, d’après le rapport Draghi, nous risquons l’échec fatal.

Le néolibéralisme américain, distinct du capitalisme anglo-saxon, s’ancre dans l’économie de marché et l’entrepreneuriat. Chacun y fait face à son destin, livré à la force de ses poings pour survivre là où la protection sociale est faible. Tout se joue entre courbes d’offre et de demande. Une essence calviniste marque ce pays: chacun cherche, seul, son salut, la charité remplaçant l’État social.

C’est un pays où règne un capitalisme brut, mêlant étouffement et exaltation. La société repose sur l’individu, provoquant un choc constant d’idées, un chaos d’où naissent des projets dans un darwinisme social et économique féroce. Ceux qui y ont vécu connaissent cette fragilité, loin de la solidité apparente des gratte-ciel de New York. Tout y est éphémère, instantané, sans cesse réinventé. C’est un flux horizontal, non une structure fixe. Le pays évoque une vaste salle d’enchères: l’échec invite à retenter, la réussite à s’amplifier.

Un dollar moins crédible pour les investissements à long terme

Mais cette logique évolue: les États-Unis basculent du néolibéralisme vers ce que j’appelle l’exolibéralisme. Tout est déconstruit, notamment les structures sociales, au nom d’une simplification promettant efficacité, prospérité et liberté, soi-disant freinées par les autres.

Une FED aux ordres de Donald Trump serait un choc financier systémique à côté duquel les subprimes auront l’air d’une matinée enfantine.

Globalement — comme l’a dit récemment le secrétaire d’État au Trésor —, il s’agit de pulvériser l’ordre mondial d’après-guerre, vu comme un obstacle à un capitalisme américain bridé, fictivement forcé de céder une part de sa richesse. Pourtant, c’est l’inverse qui est vrai: avec leur monnaie de réserve, les États-Unis, qui ne soldent ni dettes ni guerres, importent ce qu’ils ne fabriquent plus. Ils ont façonné une mondialisation commerciale de nature coloniale, mais veulent s’en extraire, accusant les ex-colonisés de voler leurs emplois. Ils cherchent désormais à les vassaliser dans un impérialisme économique et territorial.

Donald Trump gère son pays comme une firme, visant monopole et contrôle des prix. Et tout sera ébranlé, y compris monnaie et dette. Le dollar domine depuis Bretton Woods (1944), garanti par l’armée américaine. Mais aujourd’hui, les États-Unis se retirent des conflits, abandonneront leurs alliés et concèdent des zones d’influence (Chine, Russie), devenues rivales commerciales. Sous Donald Trump, un nationalisme prospère émerge, fragilisant le dollar, dont la crédibilité faiblit pour les investissements durables. Appréhendés sous un angle géopolitique, les États-Unis refluent vers eux-mêmes dans une logique de prospérité nationaliste, exacerbée sous Donald Trump. Il arrivera immanquablement un moment où le dollar n’aura plus de garant suffisant pour assurer sa crédibilité intemporelle, ce qui rendra son utilisation moins fiable pour des investissements à long terme.

Crise de confiance et dédollarisation

Au reste, tout ce que fait Trump va dans cette direction: droits de douane, menaces de fermer des ambassades, sortie probable d’organismes internationaux comme l’OMS ou l’OMC, voire un jour le FMI et la Banque mondiale. On sait que les États-Unis n’ont pas de politique étrangère, mais exportent leur politique intérieure, souvent chaotique. C’est justement pour cela que, vu de loin, avec l’angle de la distance et du temps, il estimpossible de ne pas assister au crépuscule du dollar.

D’ailleurs, Donald Trump mettra la Federal Reserve sous son contrôle. Les innombrables coups de boutoir contre sa banque centrale, qu’il presse de baisser ses taux d’intérêt, n’auront bientôt plus de remparts que le maintien de son président. Sachant que, s’il n’est pas démis de ses fonctions, son successeur sera aux ordres de Donald Trump. Ce sera alors un choc financier systémique à côté duquel les subprimes auront l’air d’une matinée enfantine.

En effet, le dollar se déprécierait fortement en raison de taux réels négatifs, rendant la devise moins attractive pour les investisseurs étrangers. Cela éroderait sa position de monnaie de réserve mondiale, un processus déjà amorcé par les politiques de Trump, comme les tarifs douaniers qui ont fait chuter le dollar de 10 % en 2025. Une crise de confiances’installerait immédiatement, accélérant la dédollarisation. La dette publique américaine bénéficierait temporairement de taux bas, mais une inflation accrue et une dépréciation du dollar pousseraient les investisseurs à exiger des rendements plus élevés, augmentant les coûts d’emprunt futurs. Une vente massive de bons du Trésor risquerait de provoquer une crise fiscale et financière.

L'Europe s'efface

Face à ces défis, l’Europe s’efface, d’autant plus que ses structures de représentation (Commission et Conseil européen) ne sont pas perçues comme légitimes, et donc comme des interlocuteurs valables, par des Américains qui veulent réinventer la démocratie sous un angle nationaliste et souverainiste. Le duo franco-allemand s’efface. Sans leadership ni technologie, dépendante en énergie, vieillissante, elle manque d’audace. Nous ne sommes plus gouvernés, mais gérés, figés par nos contradictions. Une guerre nous frôle, et nous la regardons. Sans un plan ambitieux de dette publique via la BCE, d’après le rapport Draghi, nous risquons l’échec fatal.

Kissinger disait: les Américains jouent aux échecs, visant l’échec et mat tandis que les Asiatiques jouent au go, encerclant l’adversaire. Les États-Unis nous materont sans pitié. De Gaulle avait renchéri en rappelant queles pays n’ont pas d’amis, mais uniquement des intérêts, laissant Kissinger rebondir avec sa mémorable sentence: être l’ennemi des États-Unis est dangereux, mais être leur ami est fatal.

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