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​Ce choc boursier est la meilleure chose qui puisse arriver.

Je sais, c’est un propos peut-être déroutant.

Il est sain, car il n’a rien à voir avec d’autres phénomènes de krach, comme ceux de 1929, 1987 (provoqué par la liquidation simultanée de plusieurs types de contrats dérivés) ou 2008 — ce dernier étant l’aboutissement d’un poison soigneusement distillé par des banques américaines qui, avec la complicité des agences de notation, ont déversé dès 2004 leurs risques de crédit immobilier sur d’autres continents.

Il se trouve qu’en 2008, j’étais le CEO de la Bourse de Bruxelles et membre du Comité de Direction de la Bourse de New York. Je peux en témoigner : c’était un krach perfide.

Aujourd’hui, la situation est très différente. Ce choc a un point de départ connu et précis (la politique commerciale de Trump), et un point d’arrivée tout aussi clair : un réalignement monétaire et une redéfinition des termes de l’échange. On observe un retour du fait politique dans les marchés, ce qui devrait satisfaire ceux qui dénonçaient la suprématie des marchés.

Ce choc nous enseigne plusieurs choses. Tout d’abord, la valeur de la mondialisation est loin d’être épuisée. Elle explique 50 % de la croissance boursière des dernières années. Une chute de 10 % des cours montre que la mondialisation n’est pas morte. Croire que les mesures américaines ou la réaction chinoise sont pérennes serait une erreur.

Ensuite, ce choc montre que les bilans bancaires résistent bien, et que la gestion des risques extrêmes est un exercice indispensable. Cela confirme la validité des régulations prudentielles mises en place après 2008, comme celles de Bâle III, qui ont renforcé les fonds propres des banques et limité les risques systémiques.

Enfin, ce choc révèle la résilience des mécanismes boursiers et surtout le fait que, à ce stade, le seul véritable risque — le risque de liquidité, qui est ce par quoi les marchés s’écroulent — ne s’est pas concrétisé.

Donc, une fois que les choses se seront stabilisées, cette correction paradoxalement renforcera la confiance dans les marchés — mais pas dans les États-Unis, dont la fiabilité est gravement érodée.

Mais quand Donald Trump s’adresse aux marchés en disant « don’t be stupid" , il a peut-être raison.

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