La majorité des entreprises belges s’engagent pleinement en faveur de l’entrepreneuriat durable, non pas parce que l’Europe l’exige, mais parce que cela contribue à leur « employer branding »
Pour se conformer à la nouvelle réglementation européenne, les grandes entreprises belges seront tenues dès l’exercice 2024 d’établir un rapport détaillé sur leurs efforts et ceux de leurs fournisseurs en matière de durabilité. De nombreuses entreprises, petites et grandes, ont déjà pris des initiatives sur le plan durable. Si elles l’ont fait, ce n’est pas tant pour satisfaire à cette nouvelle obligation, mais plutôt parce qu’elles estiment qu’il est important d’adopter une approche durable. C’est ce que révèle une enquête réalisée par les experts en RH d’Acerta Consult auprès de quelque 200 petites et grandes entreprises.
Dans le même temps, les entreprises doivent faire face à des défis majeurs pour investir dans la durabilité : l’estimation difficile des coûts, la rédaction laborieuse d’un rapport complet en matière de durabilité et l’estimation incertaine de l’impact à long terme.
Afin de satisfaire aux ambitions européennes plus strictes en matière d’environnement (environmental), de société (social) et de bonne gouvernance (governance), résumées sous l’appellation « critères ESG », les entreprises belges devront bientôt établir un rapport détaillé sur leur politique ESG, leur vision stratégique et leurs actions concrètes. Pour les grandes entreprises qui comptent plus de 500 travailleurs, cette obligation s’appliquera déjà à l’exercice 2024. D’autres règles suivront sans doute pour les plus petites entreprises. Pour déterminer si les entreprises belges sont prêtes pour ce type de reporting, la société de services RH Acerta Consult a mené une enquête auprès de quelque 200 petites, moyennes et grandes entreprises sur le thème des critères ESG.
L’enquête confirme que la durabilité est importante aux yeux des entreprises. 81 % des organisations sondées se sont en effet déclarées en faveur de la durabilité au sein de leur entreprise. Dans 60 % des cas, la durabilité fait même partie intégrante de la culture d’entreprise. Pour 65 % des entreprises, la durabilité constitue même un moteur d’innovation. Fait des plus intéressants : l’intérêt du personnel et des partenaires pour le développement durable au sein des entreprises est une source de motivation plus importante aux yeux des sociétés que cette nouvelle obligation légale en matière de durabilité.
Illustration 1 : Enquête de panel relative aux critères ESG, raisons qui incitent les entreprises à accorder de l’importance à la durabilité et aux critères ESG
Benoit Caufriez, Directeur chez Acerta Consult, explique : « Bien que la rédaction de rapports ne soit pas encore obligatoire pour les PME, elles ont tout intérêt à intégrer dès maintenant la durabilité dans leur stratégie de l’entreprise. Qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une obligation de reporting ou non, les critères ESG deviennent en effet de plus en plus importants dans l’ensemble de l’écosystème de l’entrepreneuriat. Ceux qui les considèrent comme un simple rapport obligatoire passent à côté de l’essentiel et, par la même occasion, d’opportunités. Il va sans dire que l’enjeu de ces critères n’est pas tant le rapport en soi, mais la transition vers une approche durable de l’entrepreneuriat, et ce, dans l’intérêt de tous, y compris dans celui de l’entreprise. »
Ce n’est pas parce que les entreprises estiment qu’il est important de prêter attention à la durabilité et aux critères ESG qu’il leur est facile de prendre des mesures concrètes suffisantes en ce sens. Certains obstacles se dressent en effet face à elles. La majeure difficulté que rencontrent les entreprises est l’estimation des coûts : une transition vers une approche (plus) durable de l’entrepreneuriat est supposée être coûteuse. Le fait de ne pas savoir par où commencer constitue également un défi. Et ce n’est pas tout : les résultats des démarches prises en faveur de l’écologie ne sont visibles que (beaucoup) plus tard.
Illustration 2 : Enquête de panel relative aux critères ESG, obstacles et difficultés de la transition vers une approche (plus) durable
Benoit Caufriez poursuit : « Rendre son organisation et sa politique RH plus durables est une démarche intelligente et la législation sur les critères ESG ne peut que vous encourager dans cette voie, mais cela n’en fait pas pour autant un exercice facile. D’autant plus que la durabilité et les critères ESG prennent en compte tous les aspects de l’entrepreneuriat. Il est toutefois possible d’y parvenir en adoptant une approche ciblée (et progressive). Réunissez les responsables autour d’une table, déterminez les priorités et dressez un plan d’action. Le recours à une expertise et à des conseils externes peut s’avérer utile pour une première étape. Désigner un gestionnaire ESG spécialisé est également une bonne idée : Aujourd’hui, 36 % des entreprises possèdent déjà un gestionnaire ESG. Indépendamment de l’approche et des personnes responsables, il est bon de garder à l’esprit que l’investissement/l’effort requis pour satisfaire les critères ESG bénéficiera également à l’entreprise elle-même. »
Cette enquête a également permis de conclure que les entreprises sont sans doute plus avancées qu’elles ne le pensent en matière de durabilité, comme le souligne Acerta Consult. Par exemple, les politiques RH de la plupart des organisations mettent déjà l’accent sur la mobilité durable, sur un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les travailleurs et sur un lieu de travail inclusif.
Benoit Caufriez poursuit : « Les entreprises investissent dans la voiture électrique mais aussi dans le leasing vélo ; le bien-être des collaborateurs est devenu une véritable priorité lors de la crise du coronavirus ; les formes de travail sont envisagées sous un prisme plus créatif qu’auparavant et ; les employeurs tentent de s’adapter davantage aux besoins des collaborateurs en termes de rémunération. Parallèlement, il existe de nombreux autres critères ESG qui peuvent se révéler être une source d’inspiration. Les options qui ont récolté le moins de votes lors de notre enquête constituent les domaines dans lesquels des progrès restent à faire. Parmi ces options se trouvent entre autres l’achat groupé d’électricité verte pour le domicile des collaborateurs, des quotas pour veiller à l’inclusion de certains groupes cibles, un audit sur le bien-être ou encore du bénévolat en groupe. Les entreprises ne sont pas obligées d’opter pour ces solutions, mais cela peut leur donner des idées, et il n’est certainement pas nécessaire qu’elles soient coûteuses ou qu’elles ne soient rentables qu’à long terme. »
À propos des chiffres
Le sondage a été mené auprès de 194 membres du panel, des entreprises triées sur le volet parmi une série de petites, moyennes et grandes entreprises du secteur privé. Au vu de la diversité des secteurs, des régions, de la taille et autres caractéristiques, nous pouvons considérer que les résultats sont représentatifs du marché belge du travail.
Le sondage a été réalisé en décembre 2023. Les participants exercent les fonctions suivantes : CEO, directeur RH, HR business partner, manager RH ou responsable payroll.